Éditorial

Farce du Premier ministre pour le Te deum de l’indépendance, aux Gonaïves

ONM

Seuls le Premier ministre, Ariel Henry, son chef de cabinet, quelques ministres de son gouvernement, des représentants du haut Etat majors de la Police nationale d’Haïti et des agents de la garde rapprochée de la Primature ont assisté au Te deum de l’indépendance nationale, à l’église Saint Charles de Borromée, au Gonaïves, le 1er Janvier 2022. Les vigils, lourdement armés, montent la garde un peu partout dans l’enceinte de l’Église. Dehors, dans les parages, un concert d’armes automatiques est donné à chaque minute où le révérend prêtre fait semblant de dire sa messe calmement. A la sortie du chef du gouvernement de l’Eglise, la panique prend le dessus. Sous le regard vigilent de ses agents de sécurité, il en est sorti sain et sauf.

Depuis la journée du 31 décembre, tout était déjà prévisible. Des individus non identifiés ont empêché la finalisation de la construction du stand où le chef du gouvernement devrait prendre la parole en la circonstance. Selon les sources d’information de la région, plusieurs personnes ont été victimes. Tard dans la soirée, le Premier ministre, Ariel Henry, ne savait s’il allait ou pas se rendre à la cité de l’indépendance alors que toute son équipe était mobilisée. Une note de la primature est publiée un peu avant minuit en invitant les journalistes à se rendre au Musée du panthéon national pour une cérémonie d’offrandes florale marquant le 218e de l’indépendance. Une action qui selon le chef du gouvernement, consiste à saluer la mémoire des héros ayant mobilisé toute leur énergie pour faire d’Haïti le premier peuple noir indépendant.

Le tour est Joué. Tôt dans la matinée du 1er janvier, un périmètre de sécurité est établi dans les parages du Musée du Panthéon national. Dans la cours, les agents de la garde présidentielle veillent à l’entrée. Deux bus transportant des militants proches de l’actuel gouvernement arrivent. Les passagers sont conduits au restaurent derrière le Musée. Entre temps, des officiels défilent, tour à tour, investissent les lieux et restent à l’intérieur. Quelques minutes plus tard, les journalistes sont invités à rejoindre les militants derrière le musée où un buffet leur est destiné. De temps en temps, on pouvait étendre une détonation, par moment sporadique. Les informations circulent et parviennent à atteindre les travailleurs de presse se trouvant au Mupanah. Ils ont vite compris que le chef du gouvernement, déjà aux Gonaïves, dans le plus grand secret, a fait diversion.

La messe est dite à la cité de l’indépendance. Le révérend a fait son boulot. Le Premier ministre, Ariel Henry est sorti de l’église Saint Charles de Borromée en recevant les honneurs et mérites dû à son entêtement à vouloir, coûte que coûte, se rendre aux Gonaïves, cette année. Alors que, depuis la semaine, il était bruit que les résidents de la cité de l’indépendance ont mis en garde le chef du gouvernement à fouler le sol des Gonaïves à poursuivre ses tractations politiques. D’autant plus, l’une des puissantes personnalités de cette ville, malgré sa présence à la Résidence officielle du Premier ministre au moment où le secteur démocratique et populaire et consort qualifiait d’historique la signature de l’accord du 11 septembre 2021, avait pris l’option de se retirer. Etait-elle mecontent de l’offre qu’on lui a faite ?

Pour une première depuis 2004, la cité de l’indépendance a dit non aux manœuvres officielles pour montrer que tout va bien au pays. Est-ce à cause de la mauvaise séparation du gâteau du 11 septembre 2021 ? Après le drame du 17 octobre 2021, c’est pour une deuxième fois, que le premier ministre essuie une déception depuis sa prise de fonction dans des conditions difficiles liées à l’assassinat du chef de l’Etat, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Une énième représentation officielle de mauvais gout.

Gary Augustin II