INSÉCURITÉ

Violence aveugle à Port-au-Prince: des dizaines de personnes sont touchées par des balles perdues, selon Médecins Sans Frontières 

ONM

Médecins Sans Frontières (MSF) dit constater une augmentation significative du nombre de victimes de balles perdues au niveau de ses structures médicales dans la capitale, depuis le samedi 23 juillet 2022. À la suite du récent déclenchement de violents combats entre groupes armés dans les quartiers périphériques du centre-ville, le Centre d’Urgence de MSF à Turgeau a reçu près de 80 blessés par balle, pour la grande majorité des victimes de balles perdues.

“Ces patients ne représentent qu’une petite quantité de victimes. Se déplacer est devenu extrêmement dangereux dans plusieurs parties de la ville et de nombreux habitants sont piégés dans leur propre quartier. Cela a rendu les accès aux structures de santé de plus en plus difficile” souligne MSF. L’institution informe avoir mis en place des cliniques mobiles dans certaines de ces zones afin de rapprocher les soins médicaux des populations touchées . ” Même pour nos équipes médicales, l’accès à ces lieux demeure très difficile”, précise les responsables de MSF dans une note de protestation .

À au moins trois reprises, les activités des cliniques mobiles de MSF ont dû être reportées ou annulées en raison des affrontements entre gangs rivaux, privant nos bénéficiaires des soins médicaux essentiels”, déplore Rachelle Séguin, coordinatrice médicale pour MSF en Haïti.

A titre d’exemple, juste après un cessez le feu à Cité Soleil, une autre commune de l’arrondissement où les combats font rages, les cliniques mobiles de MSF ont consulté en quelques heures plus de 150 patients. 30 d’entre eux étaient des victimes de blessures par balles dont les plaies s’étaient infectées.

Ces infections sont des indicateurs sur les dates des traumatismes. Les blessés n’ont pu accéder à temps à des soins médicaux, que ce soit à cause du niveau de violence et de l’intensité des échanges de tirs, ou encore des barricades que les groupes armés érigent pour isoler les périmètres qu’ils contrôlent.

Dans certaines de ces zones, MSF ne peut traiter les patients que dans des sous-sols ou des pièces sans fenêtre, en raison du danger des tirs croisés et des balles qui se perdent à tout bout de champ.

Depuis la recrudescence des affrontements dans divers quartiers et communes de Port-au-Prince, qu’il s’agisse de Cité-Soleil, Martissant, ou plus récemment Bel Air, le bas Delmas ou des abords du Centre-Ville, MSF n’a cessé d’observer une baisse considérable des consultations en ambulatoires.

« A un an de la fermeture de son centre d’Urgence à Martissant, déplacé par la suite à Turgeau, MSF continue de réitérer ses appels. Les populations doivent être épargnées par la violence des combats et doivent bénéficier d’un accès libre et durable à l’aide humanitaire et aux services de base», rappelle Benoît Vasseur, chef de Mission pour MSF en Haïti.

 

« Nous déplorons aussi que les zones de conflits s’étendent tragiquement dans la capitale haïtienne et ses environs», conclu la note.