Idées

Canal de Ouanaminte, un déclic du réveil citoyen

ONM

En ces temps où la flamme de la solidarité nationale, bongré malgré s’allume suite à la réaction des paysans de Ouanaminthe d’explorer aux fins de la production nationale et du recouvrement de la souveraineté territoriale, des voix s’élèvent énergiques et sereines pour adresser la problématique de la reconstruction, voire de la réinvention de l’état institutionnel d’Haïti.

Ces voix sont d’horizons socio-politiques divers. Mais il y a lieu d’admettre que le jeune et brillant économiste Etzer Emile se fait, sans fard, aujourd’hui l’écho de la voix du sénateur Moïse Jean-Charles. Qui peut nier que depuis plus d’une décennie, Moïse Jean-Charles, le leader de Pitit Dessalines index 3 grands et gros handicaps de l’émergence d’Haïti :

  1. Le financement mafieux des campagnes électorales
  2. L’évocation creuse et sonore de la production nationale
  3. La dépendance commerciale trop exclusive de l’état voisin et des Etats-Unis d’Amérique 

Dans sa 2eme lettre au feu président Jovnel Moïse, il tonna, souvenons-nous en : « qu’est-ce que vous êtes allé faire  dans cette galère ? Bato siman, bato tòl, se chenn nan pye w. »

Emile, dans son interview en date du 18 septembre 2023, a péremptoirement déclaré que le chaos que connait Haïti participe très certainement de l’influence de ces oligarques haïtiens et dominicains, qui ont financé nos élections.

Depuis plus de dix ans, Moïse Jean-Charles, dans sa logique, surtout de coopération Sud / Sud, a toujours prôné l’option d’ouvrir de nouveaux pôles commerciaux. J’ai été heureux d’entendre l’économiste déclarer et je cite : « mwen ka achte nan men nenpòt moun se pa kado dominiken tap fe nou ».

Durant toute la longue campagne électorale de 2015 et après coup, dans ses prises de position d’opposant éclairé, le sénateur Moïse Jean-Charles n’a de cesse plaidé pour l’action efficace et efficiente de l’Etat en vue d’une production agricole et agro-industrielle susceptible de réduire notre dépendance face à la dictature du marché et conséquemment de recouvrer une certaine autonomie politique et une autosuffisance alimentaire.

Moïse, honni soit qui mal y pense, a fait Ecole et je lui dis bravo. Mais dans cette crise satellite de Ouanaminthe, n’est-il pas nécessaire de sonder les dessous ?

L’ONU, dans ses composantes institutionnelles réfléchissant sur le dossier haïtien est passée à côté.

L’objectif de la CARICOM a buté contre la maturité de ce peuple marron d’Haïti. Donc, outre, les objectifs et les stratégies électoraux à l’Est, n’y-a-t-il pas certainement et à coups sur, la rage de préserver les intérêts des corrompus de l’Ouest et de l’Est comme ceux des grandes multinationales et au mieux les intérêts géo-stratégiques qui réclament, en ces temps de tarissement de ressources, le contrôle de nos mines.

Si l’affaire du canal de Ouanaminthe est une épisode du calvaire chaotique d’Haïti depuis, particulièrement, deux décennies, il n’en demeure pas moins vrai et je le salue, qu’elle puisse se révéler le déclic du réveil citoyen haïtien indispensable au maintien de notre existence de peuple libre, digne, prospère et souverain.

Dr Gracia Jean-Charles