INSÉCURITÉ

Cri de détresse des commerçants face aux assauts des gangs armés 

ONM

La flambée des actes de violence dans la région métropolitaine de Port-au-Prince affecte considérablement le secteur commercial. Des grands et petits commerçants sont aujourd’hui au bord de l’ axphysie financière.

Des petits détaillants sont également touchés de plein fouet par le phénomène de l’insécurité. Au marché de la Croix-des- Bossales, les impacts sont visibles. Habituellement bondé de gens, cet espace est aujourd’hui peu fréquenté.

Jeanine, une détaillante est assise sur une petite chaise à l’entrée de ce marché, une main à la mâchoire. Visiblement fatiguée, la jeune dame fredonne quelques refrains comme pour s’évader d’une peur constante. Dans l’intervalle, elle promène un regard lugubre dans toutes les directions. La pauvre dame épie désespérément l’ arrivée d’ un client.

Sur son tréteau, différents produits alimentaires dont riz, maïs, haricots, farine et petit-mil, sont étalés. Il est déjà une heure de l’après midi, elle n’a pas encore un sous dans son tablier. Selon la quinquagénaire, les clients se font rares. Pourtant cette mère de famille est attendue par sept  enfants et un mari, paralysé des suites d’un accident cardio vasculaire.

Sous aucun prétexte, elle ne doit rentrer à la maison les mains vides. Jeannine explique que pour pouvoir rentrer chez elle hier, elle était obligée d’escompter de l’ argent pour payer les frais de transport et apporter de quoi manger à sa famille. Aujourd’hui encore, elle est en passe de revivre le même scénario, raconte-t-elle, air découragé.

 »La crise économique engendrée par l’insécurité me rend la vie difficile. C’est pour la première fois que je me retrouve dans une telle situation. Nous sommes au mois de septembre, la nouvelle année scolaire est sur le point de recommencer et trois de mes sept enfants ont perdu l’année académique 2020-2021. Je ne peux même pas vivre au jour le jour, voire payer les frais scolaires de mes enfants », confie cette pauvre mère.

Dans deux mois, Jeannine doit payer son loyer. Considérant sa situation actuelle, elle risque de se retrouver dans les rues avec sa famille, faute d’argent.

Difficile pour la commerçante de joindre les deux bouts. La vendeuse doit aussi contribuer aux recettes des bandits qui contrôlent ce marché. Certaines fois, elle emprunte de l’argent pour donner à ces voyous.

Épuisée, Jeannine ne jouit pas d’une santé parfaite. Elle souffre depuis plus de six mois et ne peut malheureusement pas se rendre à l’ hopital en raison de sa situation économique précaire. En convalescence ou pas, elle n’ a pas droit au repos. Tous les jours elle se lève à 4 heures du matin pour se rendre au marché. La détérioration de son état de santé, les détonations incessantes qui raisonnent non loin du marché ne suffisent pas à l’effrayer.

Jeanine n ‘est pas la seule commerçante affectée par le phénomène de banditisme au centre ville de Port-au-Prince.

Un rapport de la Banque Mondiale publié en 2020 fait état de 4,6 millions de personnes qui nécessitent de l’assistance humanitaire en Haïti. Cette situation est due à l’aggravation de la crise socio-politique .

A l’instar de toutes les victimes de l’insécurité, Jeannine condamne l’indifférence totale des autorités qui, selon elle, n’ont adopté aucune disposition afin de remédier à cette situation. Elle les invite à assumer leurs responsabilités.

Reginald Rémy

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