INSÉCURITÉ

Vacances sans charmes dans une capitale en ébullition

ONM

Il fut un temps où les vacances d’été en Haïti étaient synonymes de joie, d’insouciance et de rassemblements communautaires. Les rues de Port-au-Prince, de Jacmel, des Cayes ou de Gonaïves s’animaient au rythme des tournois de football et de basket-ball, organisés dans chaque quartier. Des équipes locales s’affrontaient dans une ambiance festive, où jeunes et moins jeunes se retrouvaient pour encourager les leurs, partager un repas, ou simplement échanger des rires. Les vacances d’autrefois, tant dans la capitale que dans les villes de province, étaient une parenthèse enchantée, une évasion temporaire des réalités du quotidien.

Mais ces souvenirs lumineux contrastent cruellement avec le tableau sombre des vacances actuelles en Haïti. La capitale, autrefois vivante et vibrante, est aujourd’hui en ébullition, ensanglantée par la violence des gangs qui contrôlent de larges portions de la ville. La peur a remplacé la joie. Les cris d’encouragement des supporters ont laissé place aux détonations d’armes à feu, et les terrains de jeu, autrefois pleins de vie, sont désormais désertés ou transformés en zones de non-droit.

Les championnats de vacances, ces moments privilégiés de socialisation pour la jeunesse haïtienne, ne sont plus qu’un lointain souvenir dans de nombreuses localités. Dans certains quartiers, tenter d’organiser un tel événement serait non seulement périlleux, mais aussi inconcevable. La présence quotidienne des gangs armés, rend toute initiative collective risquée. Le climat de terreur qui règne, oblige les parents à retenir leurs enfants à la maison, privant ainsi les jeunes de ces expériences enrichissantes qui forgeaient autrefois des souvenirs impérissables.

Cette atmosphère délétère ne se limite pas à la capitale. Dans les villes de province, où l’insécurité est certes moins palpable qu’à Port-au-Prince, la peur n’en est pas moins présente. Les routes qui mènent à ces villes sont devenues des pièges potentiels, avec des enlèvements et des attaques armées, se produisant de plus en plus fréquemment. Autrefois les familles partaient en excursion vers la campagne ou les plages, elles doivent désormais se terrer chez elles, craignant pour leur sécurité.

Les vacances d’été en Haïti sont devenues un moment de tension plutôt que de détente. Les jeunes, qui devraient passer ces mois à se ressourcer, à s’amuser et à découvrir le monde, se retrouvent enfermés dans une cage invisible, prisonniers de la violence et de l’insécurité. Le contraste avec les vacances d’antan est frappant : les rires ont été étouffés par les cris de détresse, et la chaleur des échanges amicaux a été remplacée par la froideur de la méfiance.

Là où il y avait autrefois des matches de football endiablés, il n’y a plus que des rues désertes et silencieuses, marquées par les stigmates de la violence. Les vacances haïtiennes, autrefois pleines de charmes et d’éclats de rire, sont désormais empreintes d’une tristesse accablante. Et tandis que les ballons de football restent dégonflés, les espoirs d’une jeunesse en quête de paix et de normalité s’étiolent, jour après jour, dans cette capitale en ébullition.

Désiré Lucien