Justice

Transfert des détenus de la prison civile de Carrefour vers Petit-Goâve : une relocalisation sous haute tension

ONM

Ce mercredi 17 juillet 2024, l’administration pénitentiaire nationale a effectué le transfert de plus de 150 détenus, de la prison civile de Carrefour vers le centre carcéral de Petit-Goâve. Cette opération, orchestrée par voie maritime, a été décidée en raison de la dégradation alarmante de la situation sécuritaire dans la commune de Carrefour. Depuis plus d’un mois, le commissariat et les divers postes et antennes de police de la commune sont désertés, aucun policier n’y étant présent.

L’Inspecteur général René François, directeur de l’administration pénitentiaire, a salué la réussite de ce transfert, affirmant qu’aucun incident n’a été signalé durant la relocalisation. Cependant, les images de cette opération soulèvent de vives préoccupations en raison des conditions de traitement des détenus.

Les photographies montrent des prisonniers entassés dans des camions, ligotés, torse nu, exposés comme des “vers de terre”. Ces scènes rappellent douloureusement les sombres périodes de l’histoire, évoquant les conditions inhumaines endurées par les esclaves africains lors de la traite transatlantique. Une comparaison poignante qui soulève des questions sur l’état des droits de l’homme et des conditions carcérales en Haïti en 2024.

L’absence de policiers à Carrefour, a été attribuée à la montée de l’insécurité dans la région. Le commissariat et les postes de police sont abandonnés, exacerbant un climat de peur et de violence. Dans ce contexte, la décision de transférer les détenus vise à prévenir toute évasion ou émeute potentielle qui pourrait survenir à la prison de Carrefour en raison du vide sécuritaire.

Le transfert par voie maritime a nécessité une coordination logistique minutieuse. Les détenus ont été acheminés à bord de navires spécialement affrétés pour cette mission. À leur arrivée à Petit-Goâve, ils ont été transportés par camions jusqu’au centre carcéral. Toutefois, les conditions de transport ont été critiquées, les détenus ayant été traités de manière dégradante et inhumaine.

Ces événements révèlent les lacunes du système carcéral haïtien et posent un regard sévère sur les politiques de sécurité et de gestion des prisons dans le pays. Le transfert des détenus de Carrefour, bien que nécessaire pour des raisons de sécurité, met en lumière les traitements inacceptables infligés aux prisonniers. Les images choquantes de leur relocalisation rappellent l’urgence d’une réforme profonde du système pénitentiaire en Haïti.

Les autorités sont appelées à améliorer les conditions de détention et à garantir le respect des droits fondamentaux des prisonniers. En parallèle, la situation sécuritaire à Carrefour requiert une attention immédiate pour restaurer l’ordre et la protection des citoyens.

L’avenir du système carcéral haïtien dépendra de la capacité des autorités à répondre efficacement à ces défis. Les leçons tirées de ce transfert, pourraient être le point de départ d’une réflexion approfondie sur les réformes nécessaires pour construire un système plus humain et juste. En attendant, les images de ce transfert resteront gravées dans les mémoires, témoignant d’une réalité qui ne peut plus être ignorée.

Désiré Lucien