INSÉCURITÉ

Terreur des gangs et nouvel an : cri de désespoir des haïtiens vivant à l’étranger 

ONM

En raison de la terreur instaurée par les gangs armés dans le pays, pour les fêtes de fin d’année et du nouvel an, des haïtiens vivant aux Etats Unis, au Canada, Brésil entre autres, se résignent à passer cette période très symbolique loin de leur terre natale. Nostalgie, désespoir, colère et révolte, de tristes mots qui expliquent le désarroi de ces compatriotes.

Plus de fête en famille, plus de soupe au giraumon avec des amis qui ont marqué mon adolescence … C’est triste et très nostalgique, déclare Joséphine qui vit au Canada depuis plus d’une vingtaine d’années.Traditionnellement, la Jacmélienne de 45 ans passait les fêtes de fin d’année en Haïti. Depuis tantôt deux ans, elle est contrainte de rester au Canada. Rentrer en Haïti durant cette période festive n’est autre qu’un souvenir lointain. Et aujourd’hui encore, elle remémore l’ambiance des réveillons entre famille et amis d’enfance. Cette dame visiblement accrochée à la tradition, garde en mémoire les cicatrices de son amie d’enfance violée puis tuée par ses ravisseurs après le versement de trois rançons par sa famille. « Je nourris aujourd’hui le sentiment de ne plus retourner en Haïti, c’est dommage de te le dire mais c’est une sage décision », confie cette dame avec un air révolté.

Louis vit aux Etats Unis. En dépit de son absence au pays, il a été la cible des gangs armés opérant à Croix-des-Bouquets. Ce citoyen témoigne que ses deux maisons construites au prix d’énormes sacrifices sont aujourd’hui habitées par des bandits armés. »Tu imagines, je travaille depuis 25 ans , après ce quart de siècle tout mon investissement est sensé anéanti, je vais bientôt prendre ma retraite j’avais construit ces maisons pour passer mes vieux jours. J’habite à Boston, il fait très froid ici ce que je ne supporte pas, je vis à présent comme un condamné » lâche t-il .

Louis et Joséphine représentent un échantillon de milliers d’haïtiens vivant aux Etats Unis, en France, au Canada, au Brésil et au Chili qui sont obligés d’abandonner toute idée de rentrer en Haïti par peur d’être tués ou kidnappés. Ces compatriotes ne cachent pas leur courroux, de constater le pays qui s’enfonce dans le chaos et l’anarchie. Ils dénoncent la passivité des autorités face aux assauts des gangs armés et invitent le premier ministre de facto à tirer la révérence puisque, selon eux, il est incapable d’administrer la cité et d’y faire régner un climat de paix, de vivre ensemble afin que les haïtiens de la diaspora puissent rentrer en toute quiétude dans le pays .