Qui de nous subsistera?
En parcourant les rues de Port-au-Prince et d’autres villes de provinces en Haïti, une question nous hante inlassablement : Qui de nous subsistera? Qui de nous survivra au chômage chronique, à la misère noire, à l’enfer quotidien que vit notre peuple? Dans cette terre autrefois chantée pour sa beauté et sa résilience, l’éclat du désespoir brille maintenant plus fort que celui de l’espoir.
Le chômage, ce spectre silencieux, ronge le moral de nos compatriotes. Les jeunes, pleins de rêves et d’aspirations, voient leurs espoirs s’évanouir face à une économie en ruines. Les parents, autrefois soutiens de famille, se retrouvent impuissants, incapables de fournir le nécessaire à leurs enfants. La misère, elle, s’installe, s’incruste et se renforce, transformant nos vies en une lutte perpétuelle pour la survie.
Et pourtant, ce n’est que le début de nos tourments. Chaque jour, les Haïtiens vivent sous la menace constante des gangs armés. Ces bandes criminelles, qui sévissent sans relâche, sèment la terreur et la mort dans les quartiers. Le son des balles devient aussi commun que celui des voix humaines, les rues se vident dès la tombée de la nuit, et l’espoir de sécurité se dissipe comme une fumée éphémère. Qui de nous subsistera à cette violence aveugle et incessante?
La torpeur, l’oppression, l’esclavage mental, ces maux insidieux, minent notre capacité à rêver d’un futur meilleur. La haine de certains envers l’ambition des autres crée des fractures au sein de notre société, des fractures que nous peinons à combler. Les ambitions sont étouffées, les rêves écrasés, et le potentiel de notre peuple gaspillé. Qui de nous subsistera à cette haine sournoise et destructrice?
Nos routes boueuses et dangereuses sont devenues le théâtre de la peur et de l’incertitude. Des hommes armés y rôdent, semant la panique et la terreur. La méchanceté, l’égoïsme, et l’avarice transforment nos chemins en champs de bataille où la survie du plus fort est la seule règle. Les dangers sont omniprésents, le dénouement incertain. Qui de nous subsistera à cette vie de calvaire?
Notre pays est au bord du précipice, au bord du gouffre et du chaos. Haïti, autrefois terre d’espoir et de liberté, semble sombrer inexorablement. Les puissants gangs étendent leur emprise, et l’État, impuissant, ne parvient plus à protéger son peuple. Dans ce climat de peur et d’incertitude, une question demeure : Quel pays rêvons-nous? Quelle Haïti voulons-nous léguer à nos enfants?
La réponse semble s’échapper dans les méandres de notre quotidien tourmenté. Mais nous devons nous accrocher à une lueur d’espoir, à une foi en un avenir meilleur. Qui de nous subsistera à cette Haïti en péril? Dieu seul le sait. Nous devons cependant trouver en nous la force de persévérer, de lutter, et de croire en des jours meilleurs.
Dans cette tourmente, il est crucial de ne pas perdre de vue notre humanité, notre solidarité. Car c’est ensemble, unis dans l’adversité, que nous pourrons espérer subsister et reconstruire notre nation. Haïti a survécu à tant d’épreuves par le passé. Puisse-t-elle trouver la force de se relever encore, pour que nous puissions tous subsister, non seulement en survivant, mais en vivant dignement.