L’origine des Gangs armés en Haïti
Pour comprendre l’origine et les fondamentaux de l’insécurité en Haïti, le Mouvement Point Final présente une étude approfondie sur la genèse des Gangs armés en Haïti.
1) La première chose à savoir sur la question de l’insécurité et les Gangs armés en Haïti, c’est la notion de Concentration et de Centralisation en Haïti.
En Haïti, tout est concentré à Port-au-Prince, ce qui entraîne l’exode rural dans les villes de province et l’explosion démographique à Port-au-Prince. C’est un phénomène normal qui est lié à l’instinct de survie des êtres vivants.
Maintenant, en matière de capacité de logement et d’hébergement, Port-au-Prince n’a pas la capacité d’absorber tout le reste du pays. C’est une ville construite pour environ 500 mille habitants et qui aujourd’hui, comporte près de 5 millions d’habitants. C’est un non sens. Puisqu’il n’y avait pas un plan d’extension et d’aménagement du territoire à Port-au-Prince, on assiste au phénomène de bidonvillisation de la Région Métropolitaine de Port-au-Prince.
Port-au-Prince est la seule capitale au monde qui comporte autant de bidonvilles et de gens pauvres. A travers le monde, les capitales sont souvent habitées par des gens aisés et qui ont un niveau de vie acceptable.
Tandis qu’à Port-au-Prince, c’est presque le contraire. C’est la raison pour laquelle, les rues de Port-au-Prince sont transformées en de véritables marchés publics informels. Partout à travers le monde, là où il y a des marchés publics, là se trouvent des Gangsters.
Maintenant, puisque la base de l’économie rurale d’Haïti est l’agriculture, la concurrence déloyale entre les produits importés et la production nationale provoque une baisse de la production nationale agricole. Parce que le travail de la terre ne peut pas nourrir les besoins primaires de la classe paysanne, les jeunes sont obligés de se rendre dans les zones urbaines ou directement à Port-au-Prince, pour trouver un mieux être et l’accès à des services sociaux de base et malheureusement, très souvent ne sont pas disponibles, même à Port-au-Prince.
2) La Politique :
La mauvaise gouvernance est un facteur clé dans le développement des Gangs armés en Haïti.
Le fait qu’il y a une mauvaise répartition des ressources publiques, et qu’on transforme la Ville de Port-au-Prince en République de Port-au-Prince, il n’y a pas d’investissement sérieux dans les villes de province, mêmes les Fonds des collectivités insérés dans le budget de la République est géré à Port-au-Prince. Les jeunes ont tendance tout bonnement, à se rendre à Port-au-Prince pour trouver un mieux être.
De plus, l’état ne met pas en place des avantages incitatifs pour favoriser le développement et l’épanouissement des jeunes.
Les acteurs politiques haïtiens font un très mauvais usage de la jeunesse haïtienne pour arriver ou pour rester au pouvoir.
Lors des élections, des candidats ont tendance à armer des jeunes pour troubler le processus électoral en leur faveur.
Des Sénateurs et des députés après être élus, utilisent des jeunes de province pour leurs services de sécurité rapprochée. Après leur mandat, ces jeunes là sont abandonnés à Port-au-Prince ou retournés dans leur juridiction avec leurs armes sans emploi. Pour vivre, ils sont obligés à s’orienter dans des groupes de Gangs ou constituer des groupes de Gangs pour opérer.
Par exemple, beaucoup de cas de kidnapping enregistrés dans le pays durant la gouvernance de Jovenel Moïse, sont réalisés par des agents de sécurité et des proches des autorités haïtiennes.
3) Absence de services sociaux de base dans les villes de province.
Le fait que Port-au-Prince soit considéré comme un mégapole dans la vie sociale et économique d’Haïti, les gens et surtout les jeunes qui sont en quête de services, sont obligés de s’orienter vers Port-au-Prince. Si on a besoin d’un extrait d’archives, on doit se rendre à Port-au-Prince.
Pour être plus près des services, les habitants des villes de province cherchent toujours à se réfugier vers la République de Port-au-Prince.
4) La coopération bilatérale en migration entre les États-Unis et la République d’Haïti.
Depuis un certain temps, les Etats Unis lancent une véritable opération de déportation des citoyens étrangers en situation irrégulière. Puisque les Etats Unis représentent le plus grand centre multi racial du monde et on pourrait même dire, un carrefour mondial de toutes les races du monde.
Maintenant , avec la politique migratoire américaine raciste, tous les noirs en situation irrégulière et qui sont en contravention avec la justice américaine, sont considérés comme des Haïtiens et souvent ils sont déportés vers Haïti. Ces gens là qui n’ont aucune famille, aucune connaissance de la réalité haïtienne, arrivant dans le pays, ils s’orientent vers les bidonvilles pour constituer des équipes de drogue Dealer et de Gangs armés.
5) Le Commerce Import – Export :
Les grands commerçants de Port-au-Prince sont en majeure partie bénéficiaires de franchise douanière et sont mêmes propriétaires de ports privés. Le fait qu’ils ont le contrôle des services douaniers dans le pays, ils profitent pour faire entrer des cargaisons d’armes et de munitions dans le pays illégalement pour revendre à des prix forts sur le marché haïtien.
D’un autre côté, il y a des Haïtiens de la diaspora, spécialement en Amérique du Nord qui se lancent sur le marché de trafic d’armes qui est un marché très juteux en Haïti et qui est même plus rentable que le trafic de stupéfiants.
6) Coopération binationale entre les États-Unis et Haïti et la République Dominicaine et Haïti.
Les deux Méga pôles d’alimentation de l’insécurité en Haïti, sont les États-Unis et la République dominicaine.
Les États-Unis, comme lieu de fabrication et de commercialisation et la République Dominicaine comme une zone franche et de distribution d’armes et de munitions vers Haïti.
C’est-à-dire, pour résoudre le phénomène de l’insécurité en Haïti, il faut tout d’abord, une réforme en profondeur dans les relations commerciales entre Haïti et les États-Unis et Haïti et la République Dominicaine.
6) Protection de l’enfant et droit à l’éducation des enfants en Haïti.
En Haïti, la problématique de la non scolarisation des enfants et le fort taux de déperdition en milieu scolaire est un terrain favorable au développement des Gangs armés en Haïti.
Les enfants des rues qui avaient 8 ans en 2010 et en 2020 ils ont 18 ans. Des enfants grandis dans les Centres d’accueil et qui sont abandonnés à 18 ans. Depuis, un certain temps, on parle des enfants soldats à Port-au-Prince, spécialement à Cité Soleil. Personne ne disait rien. Maintenant, les Gangs armés utilisent souvent comme des ressources humaines, les enfants des rues à Port-au-Prince. Présentement, les enfants des rues à Port-au-Prince deviennent une ressource rare pour les Gangs armés. On peut se demander, où sont passés les enfants des rues à Port-au-Prince ?
On croirait à une politique publique de protection et de réinsertion sociale des enfants des rues de l’État. Malheureusement, ils sont recrutés par des Gangs armés à Port-au-Prince comme soldats.
7) Absence de politique publique de planification familiale.
Si on fait une enquête très sérieuse sur la parentalité des Gangs armés, on verra que 90% des Gangs armés sont des enfants monoparentaux ou des orphelins ou des enfants grandis en domesticité.
Ces enfants qui subissent certains traumatismes graves, qui connaissent toutes sortes de violences et de privation, n’ont rien d’autre à reproduire dans la société que de la violence.
8) L’absence de l’armée d’Haïti est un facteur clé dans la dégradation du climat de sécurité dans le pays.
Le service militaire doit être obligatoire dans un pays comme Haïti. Ça va aider au redressement des jeunes, mais aussi à l’orientation des jeunes vulnérables. Par exemple, les orphelins, les8) L’absence de l’armée d’Haïti est un facteur clé dans la dégradation du climat de sécurité dans le pays.
Le service militaire doit être obligatoire dans un pays comme Haïti. Ça va aider au redressement des jeunes, mais aussi à l’orientation des jeunes vulnérables. Par exemple, les orphelins, les enfants qui grandissent dans des centres d’accueil, les petits délinquants qui ont besoin d’être reinsérés.
Ce sont les services militaires qui peuvent aider à sauver ces enfants.
Dans les grands pays, comme les États-Unis, ce n’est pas sans raison qu’on donne l’accès facile aux jeunes à des services militaires.
Pourquoi pas en Haïti, on ne fait pas du service militaire comme un service obligatoire pour les jeunes.
9) Auto-défense et Protection des Entreprises commerciales :
Le commerce en Haïti devient un système mafieux depuis un certain temps où tous les coups sont permis. Prenons le cas du Kidnapping de Cliford Brandt sur la famille Moscosso.
La concurrence sur le marché haïtien est vraiment rude entre les oligarques. Chacun cherche à garder le monopole du commerce en Haïti basé sur l’importation.
Très souvent, les Grands commerçants du pays utilisent des Gangs armés pour détourner les marchandises de leurs concurrents ou du moins, ils utilisent des Gangs armés pour protéger leurs entreprises contre les attaques de ses potentiels concurents.
C’est-à-dire, l’insécurité et le banditisme en Haïti deviennent un système complexe à multiple équations.
10) La faiblesse de la justice haïtienne :
On ne pourra pas résoudre le problème de l’insécurité en Haïti, sans une réforme en profondeur dans la justice haïtienne. Il y a une sorte de complicité entre les autorités judiciaires, les politiciens, les policiers et les Gangs armés, créant une forme d’amalgame dans la problématique de l’insécurité en Haïti.
C’est-à-dire, de l’avis du Mouvement Point Final, pour résoudre le problème de l’insécurité et du banditisme en Haïti, il faudrait un nouveau projet de société qui prend en compte la famille, la jeunesse et surtout l’éducation citoyenne de la population haïtienne.
Si nous nous contentons seulement sur l’arrivée de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité en Haïti, demain sera plus triste.
Ulysse Jean Chenet