Le Grand Sud Isolé : Entre Péages Illégaux et Manque de Sécurité
Le Grand Sud Isolé : Entre Péages Illégaux et Manque de Sécurité
Le Grand Sud d’Haïti est aujourd’hui complètement isolé du reste du pays par voie terrestre, une situation alarmante qui plonge les habitants de cette région dans un état de désespoir croissant. Historiquement, cette partie du pays a été le théâtre de diverses exactions commises par des groupes armés, notamment la mise en place de postes de péage illégaux. Cependant, selon les témoignages récents de plusieurs chauffeurs et propriétaires de véhicules, cette pratique semble avoir évolué vers une violence encore plus débridée et anarchique.
« Les péages illégaux étaient déjà une véritable plaie, mais au moins on savait à quoi s’attendre. Aujourd’hui, c’est l’anarchie totale. Les bandits attaquent sans prévenir et sans raison apparente, » témoigne Jean-Robert, un chauffeur de bus qui fait la navette entre Port-au-Prince et Les Cayes. Ces paroles résument le sentiment général des transporteurs et des résidents de la région, qui se sentent abandonnés par les autorités.
En dépit de l’état d’urgence sécuritaire décrétée par les autorités, les résultats concrets se font toujours attendre. À Gressier, les bandits continuent de semer la terreur. Les habitants de cette localité sont constamment sur le qui-vive, redoutant les attaques qui peuvent survenir à tout moment. Les activités économiques, déjà fragiles, sont paralysées, et le quotidien des gens est profondément perturbé.
La police de Léogâne, bien que présente, est visiblement dépassée par l’ampleur de la situation. « Nous demandons des renforts depuis des semaines, mais ils ne viennent jamais à temps», confie un officier de Police sous couvert de l’anonymat. Ce manque de ressources et de soutien renforce le sentiment d’abandon et de frustration parmi les forces de l’ordre locales, qui se battent chaque jour avec des moyens dérisoires contre une violence de plus en plus endémique.
Le climat d’insécurité a également des répercussions sur les services de base. Les écoles et les hôpitaux peinent à fonctionner normalement. « Nos élèves et nos etudiants ne peuvent plus aller à l’école en toute sécurité, et cela met en péril leur avenir, » s’inquiète Marie-France, une mère de famille résidant à Petit-Goâve. De plus, les services de santé sont gravement affectés, les patients hésitent à se déplacer par peur d’être attaqués en chemin.
Les autorités locales et nationales se trouvent dans une impasse. Le gouvernement, tout en reconnaissant la gravité de la situation, semble impuissant face à l’ampleur du défi sécuritaire. « Nous sommes conscients des difficultés rencontrées par les habitants du Grand Sud, mais les ressources à notre disposition sont limitées», admet un représentant du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique.
Face à cette crise, les initiatives communautaires commencent à émerger. Les habitants tentent de s’organiser pour assurer leur propre sécurité, mettant en place des systèmes de surveillance et des patrouilles citoyennes. Cependant, ces efforts, bien que louables, ne peuvent se substituer à une véritable réponse étatique. La collaboration entre les communautés locales et les forces de l’ordre pourrait être un moyen efficace de renforcer la sécurité, mais elle nécessite un soutien matériel et logistique significatif de la part des autorités.
En attendant, les habitants du Grand Sud continuent de vivre dans la peur, avec peu d’espoir de voir leur situation s’améliorer à court terme. Les routes, autrefois des artères vitales pour le commerce et la communication, sont devenues des terrains de chasse pour les bandits. L’isolement du Grand Sud est une tragédie en cours, une crise humanitaire qui nécessite une réponse urgente et coordonnée de la part des autorités haïtiennes et de la communauté internationale.
En définitive, la situation dans le Grand Sud est un cri d’alarme. Il est impératif que des mesures concrètes et efficaces soient mises en place pour rétablir la sécurité, permettre la libre circulation des personnes et des biens, et redonner espoir aux habitants de cette région dévastée.
Desiré Lucien