” J’ ai acheté le corps sans vie de mon fils Jonathan assassiné à martissant pour vingt cinq mille gourdes ” témoignage glaçant de Marjorie
Regard courroucé , visiblement déprimée, Marjorie , la maman de Jonathan ,un adolescent de 17 ans, est en proie à une douleur indescriptible depuis la mort de son fils à Martissant.
Depuis ce décès tragique et prématuré , la jeune dame est plongée dans une tristesse noire.” Le temps s’est arrêté pour moi depuis le 15 juin, date à laquelle mon fils a été sauvagement abattu à Martissant. Ce jour là j’attendais son retour de l’école. Il était 4 heures de l’après-midi quand j’ ai reçu un appel , c’ était son numéro, mais au bout de la ligne j’ai entendu une voix inconnue me disant avec arrogance : ” madanm se ou ki manman Jonathan, kadav li nan men nou pote 5000 dola pouw ka pranl “, soupire cette mère désespérée avec les yeux inondés de larmes .
Une partie de moi a été coupée ,en apprenant la nouvelle de la mort de Jo , maintenant je n’ ai plus goût à la vie .Moins d’ un mois après ce meurtre , je n’ arrive toujours pas à accepter cet absence, explique cette dame avec une larme de tristesse qui germe lentement dans son regard. Récupéré le lendemain de son assassinat , le corps inerte de son fils criblé de balles, défile encore dans sa tête .Quand je me rendais à Martissant pour acheter le corps sans vie de “Jo ” j’ai vu des cadavres calcinés ,d’ autres en décomposition . Ce jour là j’ ai vécu l’ horreur et l’ effroi, rapporte la trentenaire qui laisse parler son désarroi.
L’ achat du cadavre de Jonathan n’ est pas un cas isolé . C’est une pratique très répandue dans certains quartiers contrôlés par des groupes armés. Les parents du professeur Roosevelt Petit-Frère retrouvé mort dans un bus assurant le trajet Carrefour/ Centre Ville le jeudi 4 juin 2021, ont connu le même sort .
Il s’agit d’un phénomène inédit par rapport à la culture haïtienne.Si dans le passé la mort constituait le ciment de la solidarité collective ,aujourd’hui cette tradition est en voie de disparition et le pays s’ enfonce d’ avantage dans la banalisation de la vie .