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Déportation :le GARR retrace le calvaire des femmes enceintes et travailleurs haïtiens chassés de la République Dominicaine

ONM

Depuis l’intervention de la migration dominicaine à « Ciudad Juan Bosch » à la mi-mai où les autorités avaient affirmé avoir appréhendé 385 Haïtiens en situation irrégulière, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés dit constater qu’une chasse aux migrants haïtiens a été ouverte en République Dominicaine.

Les travailleurs migrants haïtiens font actuellement l’objet d’une campagne de persécution à travers plusieurs provinces de la République Dominicaine. Ils sont pris en chasse dans les rues, leurs quartiers, sur leurs lieux de travail et même dans des hôpitaux, précise la note du GARR.

En moins de deux semaines, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés, GARR dit avoir accueilli plus de mille sept cent migrants haïtiens à la frontière, dont 76 enfants. Ils ont été arrêtés, placés en détention, puis rapatriés par les autorités dominicaines.

Environ une dizaine de femmes enceintes, dont une en phase de grossesse avancée, faisaient aussi partie des rapatriés. L’une d’entre elles raconte qu’elle a été appréhendée chez elle à Santo Domingo où elle vivait depuis près de onze ans. Cette mère de famille, enceinte de 8 mois, témoigne avoir été brutalisée, giflée à plusieurs reprises ainsi que son mari au moment de leur arrestation.

« Plusieurs véhicules de la migration étaient venus dans mon quartier. Les agents m’ont intimé l’ordre de sortir et m’ont frappé plusieurs fois parce que je refusais de me faire prendre en photo. Ils ont aussi maltraité mon mari qui en est sorti avec plusieurs fractures et blessures », se lamente-elle. « Avant de partir, poursuit-elle, ils ont pillé et détruit complètement notre maison. Ensuite, nous avions été emprisonnés pendant trois jours ».

Cette situation inquiète beaucoup la communauté haïtienne en République Dominicaine qui vit actuellement dans une grande peur. Car, à tout moment, un Haïtien peut se faire arrêter sans raison.

Le jeudi 26 mai 2022, des organisations de défense des droits humains basées en République Dominicaine ont rapporté l’arrestation de plusieurs centaines d’Haïtiens dans la province de Barahona (Est). Des dizaines de migrants, dont des femmes et des enfants, ont été rapatriés à la frontière Malpasse/Jimaní, après 6 heures du soir ce même jeudi. Ce qui est contraire aux prescrits du protocole signé par les deux pays le 2 décembre 1999 sur les mécanismes de rapatriement.

Depuis l’accession de Luis Abinader au pouvoir, il a pris un certain nombre de décisions qui inconfortent les migrants haïtiens. À la fin de l’année dernière, les femmes haïtiennes enceintes ont été la cible de la migration dominicaine. En novembre 2021, le GARR a accompagné plus de 125 femmes enceintes qui ont été appréhendées dans des centres hospitaliers et conduites de force à la frontière. Une situation qui n’a pas cessé depuis lors.

Selon certaines organisations de la société civile dominicaine, ce genre de campagne de persécutions à l’encontre des travailleurs migrants est une pratique courante. Parfois, des patrons refusent de payer les ouvriers sous prétexte qu’ils sont en situation irrégulière et font appel à la migration pour les arrêter et les rapatrier.

Le GARR se dit préoccupé par cette situation qui se développe actuellement en République Dominicaine. Il dénonce les traitements inhumains et les nombreuses violations de Droits Humains perpétrées sur des migrants haïtiens au moment d’être rapatriés. Des images choquantes circulant sur les réseaux sociaux et l’état critique dans lequel certains migrants arrivent en Haïti, montrent clairement qu’ils ont été victimes de violences physiques.

L’organisation de promotion et de défense des droits humains demande aux autorités dominicaines de suspendre cette campagne de persécutions vis-à-vis des Haïtiens et de respecter les droits des migrants ainsi que le protocole sur les mécanismes de rapatriement.

D’un autre côté, le GARR encourage les autorités haïtiennes à engager un dialogue franc avec leurs homologues dominicains sur les questions migratoires, afin de trouver ensemble une formule permettant de préserver les droits et intérêts des migrants.