« 10 conseils pour que l’école produise des citoyens et citoyennes qui sont solutions aux problèmes de la Cité mais non l’inverse »

1-. En regard de la macro planification, pour monter de grandes politiques publiques, les décideurs ont besoin des statistiques fiables et opportunes que ce soit pour l’amélioration de la qualité de vie de la population que ce soit pour l’atteinte de l’objectif du droit à l’éducation ou la démocratisation de l’enseignement voire l’accroissement du rendement externe avec une bonne formation professionnelle pour réduire la pauvreté des familles dans les grandes villes et la diminution des tensions sociales sévissant dans des zones criminogènes comme Martissant, Cite soleil, Canaan, Croix-des-Bouquets, Carrefour-Feuilles, Tabarre, Liancourt-Savien pour ne citer que celles-là.

2- La bonne gouvernance se résume en trois éléments savoir : à part la déconcentration et la décentralisation ; le cadre légal pour un management efficace, la base de données pour le pilotage stratégique du secteur et le monitoring des programmes-projets s’inscrivant dans le cadre d’un plan d’éducation par exemple.

3- Pour matérialiser les grands programmes-projets en éducation, nous devons rechercher les sources de financement, à part le trésor public et les ressources externes selon les accords bi et multilatéraux, on peut prélever des taxes sous forme de droit de péage sur les nouvelles routes et pourquoi pas sur les voyages d’agrément voire l’alcool et la cigarette.

4- Pour accroitre la pertinence du système d’éducation, l’approche doit être holistique, en ce sens, il faut favoriser la stabilité politique en organisant des élections de façon périodique comme font les pays de l’Amérique latine dont la République Dominicaine et le Chili, il faut travailler pour la gratuité de l’enseignement de base, il faut opter pour la passation automatique et l’évaluation formative comme antidotes a l’échec scolaire, il faut appliquer la politique malthusienne en réduisant le nombre de naissances et il faut donner une allocation aux parents d’élève vivant dans des poches de pauvreté de style bolsa escuela du Brésil, par une discrimination inversée, aux fins de compensation des couts d’opportunité.

5.- Pour que l’enfant devienne, plus tard, solution au problème de la société comme rentabilité de l’enseignement pour parler de l’économie de l’éducation, il va falloir que l’Etat consacre une bonne part du budget national ou du PIB au système éducatif haïtien tout en priorisant l’éducation à la citoyenneté ou civisme, l’éducation à l’environnement, l’hygiène à l’école et l’éducation à l’entrepreneuriat conduisant à l’auto-emploi avec une bonne dose de numérique nonobstant les aléas politiques, sanitaires et naturels.

6- Pour améliorer la qualité de vie de la population dans une démarche systémique de l’école de Palo Alto en psychothérapie en d’autres termes, il faut voir le patient traitant dans toute sa globalité, les pouvoirs publics en Haïti ont cinq (5) grandes priorités savoir : l’alimentation de la population, l’hébergement des familles nécessiteuses, l’éducation gratuite et obligatoire des enfants, l’accès à la santé et la modernisation du transport en commun.
7- En Haïti, nous n’avons pas une école
républicaine à proprement parler qui porte une pensée, un projet mais plutôt des écoles de type confessionnel (congrégation catholique, mission protestante et organisation musulmane) ou/et de type laïc à majorité comme des écoles publiques, des écoles communales et des écoles du consortium privé.
8- Les pouvoirs publics en Haïti doivent mobiliser davantage de ressources vers la scolarisation des enfants et aux apprentissages afin de fermer la vanne qui déverse des analphabètes voire des gens frappés d’illettrisme et pourquoi pas de diminuer des disparités entre écoles huppées et écoles de seconde chance où l’on véhicule un enseignement de faible qualité.

9- La revalorisation de la condition enseignante suscite de sérieux débats dans un contexte où l’on parle du droit à l’éducation en congruence avec l’article 26 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et l’article 32.1 de la Constitution haïtienne et de l’amélioration de la qualité de l’enseignement qui doit passer par la formation initiale, la formation continue et la formation en cours d’emploi ainsi que la dotation des écoles en matériels didactique et pédagogique dont est pour l’essentiel, le livre unique en langue vernaculaire, proposé par l’ex-Ministre de l’éducation, Nesmy Manigat à l’occasion de la rentrée scolaire, vaste chantier de la carte prospective.

10- Les crises récurrentes dans lesquelles s’enlise le pays depuis des lustres sont le corollaire des luttes incessantes pour les biens temporels comme le pouvoir politique, les grands comptes en banque et les belles maisons alors que les Saintes Ecritures nous enseignent que servirait-il a un homme ou une femme de gagner tout le monde et de posséder toutes les richesses de la terre, s’il ou elle perdait son âme (absence de bonheur). L’âme s’apparente ici à la conscience. Pour parodier un Evêque haïtien de renom, la conscience est la présence de Dieu dans le cœur de l’homme en dehors de toutes considérations d’ordre psychanalytique dans l’optique de Sigmund Freud pour parler du rêve et de l’inconscient voire des pulsions.
Yves ROBLIN, Spécialiste en Planification de l’éducation et en Histoire moderne. Auteur de « Covid-19 et les outils de planification de l’éducation » et un autre ouvrage qui paraitra sous peu ayant pour titre : « Les grands évènements du XXe siècle : regards croisés sur Haïti, Ouvrage de sciences de l’éducation, option, Histoire contemporaine ».